le vent nous tient à sa pogne
enfants, nous maraudons des images
chaque bourrasque fait de nous des cerfs-volants
bruit de pattes
les voilà !
salut aux marcheurs !
noirs, érigés, funambules
ils jonglent sur l’horizon dans un chatoiement
balancements mille fois balancés
comment font-ils pour vivre ici ?
avoir chaud
rester vivant
le vide nous encercle
le silence écrase mes oreilles
un geste
un plissement de tissu craquant
je retiens mon souffle
ils sont là !
se mettre à genoux, être à leur hauteur
« qui es-tu ? », me disent ses yeux
« qui es-tu ? », me disent ses yeux
c’est le soir et le monde est bleu
c’est le matin et le monde est blanc
le soleil nous rend ivres
les yeux plissés d’éclaboussures de cristaux
nous titubons comme des fourmis saoules
oui, jouir encore de l’ivresse d’être près d’eux !
ils passent
processionnaires
si vivants, comme nous
ils remontent en grande pompe les ruines vierges de ces cathédrales
pour aller se dissoudre dans la lumière
et le soleil sonne les jours
et le froid reprend ses droits
dans ma tête, le blizzard entonne un te deum
Luc Jacquet













































































































