Cette exposition rassemble 18 tirages de photographies figurant dans le livre « Le Chant des forêts », à paraître le 17 décembre pour la sortie du nouveau film de Vincent Munier au cinéma (Kobalann productions / Paprika Films).

Il passe la nuit sous les ailes d’un sapin.

Bientôt, il n’entend plus que les mésanges et les gouttes de pluie qui tombent sur sa cabane d’aiguilles. Immobile au creux des branches, dans sa petite loge, vue sur l’imprévisible. L’haleine de l’orage qui s’en vient traverse l’affût. Il rêve de crêtes désertes en attendant impatiemment la neige. Ici les hivers se taisent chaque année un peu plus. Alors son œil garde trace de ce qui disparaît. Le grand coq de bruyère, ses yeux bordés de lunes rouges. Les matins de tempête où l’on guette la lumière. La plus furtive des bêtes sauvages. Vive et gracieuse, jamais on ne saura où elle niche.

Toujours, pister la lumière. Espiègle, elle détale lorsqu’il l’approche. Parfois, elle le laisse la dévisager longuement. Elle se tient là, entre la bête et l’œil, là où passent le vent, des branchages timides, un fil de soie, le grésil, un silence, son écho, le ciel et aussi demain. Tantôt, elle se fait sequin sur la paupière d’un lièvre, tantôt elle dévoile ce qui se love dans le regard du loup.

Au matin, les hulottes ont encore les yeux embués de nuit. Le jour balbutie tendrement. Au bord des narines, l’odeur salée d’humus noir retourné par le groin des cochons sauvages. Cet instant où la forêt tout entière semble écarquiller les yeux et planter son regard dans le sien, il le capture.

Transi.
Lune Vuillemin